Créer et maintenir du logiciel libre en dehors des GAFAM écrasants n'est pas évident. Leur service et proposition sont partout. La dépendance est forte. Depuis plusieurs années, nous évoluons pour nous éloigner le plus possible de cette centralisation des pouvoirs.
Auteurice :
Dans le collectif Translucide, nous essayons de sortir de cette suprématie en installant nos propres services, Open Source/Libre, ou en utilisant ceux proposés par des associations qui militent pour le logiciel libre.
Se dégafamisé c'est sortir des GAFAM : Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft, ou plus aujourd'hui GAMAM (Facebook étant devenu Meta).
Nous avons quitté l'environnement Google pour nos documents (Drive), agenda, courriel (Gmail). Nous avons installé notre propre système de nuage avec le gestionnaire de fichiers Nextcloud, qui propose aussi un agenda complet et un système de carte pour remplacer la gestion de projet faite sous Trello à une époque. Nous y avons connecté un service Onlyoffice pour l'édition de documents dans le navigateur en mode collaboratif. Enfin, nous synchronisons les documents, agenda, carnet d'adresses sur nos ordinateurs et téléphones, avec aussi du logiciel libre (DAVx).
Pour les courriels, nous avons toujours utilisé les services liés à notre hébergement web pour nos adresses professionnelles. Chez notre hébergeur Infomaniak. Leur politique environnementale est actuellement la plus poussée avec des centres de données écoconçu dès l'origine.
Pour nos échanges en interne, vu que nous sommes chacun indépendant et travaillons à distance, nous utilisons un système de messagerie instantanée, avec un canal de discussion par projet. Nous avons quitté le logiciel fermé et privé Slack, pour l'alternative open source Mattermost installée chez Framasoft (Framateam).
Depuis d'autres ont suivi, telles que Techologie, ou encore l'association des Designers Ethiques, mais aussi le collectif GreenIT.
Nous avons quitté GitHub racheté entre-temps par Microsoft, qui héberge le code de nos projets en cours de développement dans un espace collaboratif.
C'est surtout pour notre CMS Translucide, notre projet de logiciel libre, central dans notre activité, que ça a été important.
Vous pouvez désormais retrouver le CMS Translucide sur Framagit, une instance de GitLab (programme basé sur Git, dans sa version Community Edition, sous licence libre MIT), tenu par Framasoft (association qui soutient le logiciel libre).
Le CMS Translucide est idéal pour gérer vos sites avec peu de dépendance, de façon plus sûre et plus résiliente face aux prises de pouvoir des multinationales sur les outils numériques. Aussi, nous n'avons pas une grosse structure qui a comme objectif maximal de monétiser son produit. Il est développé pour nous faciliter la vie au quotidien, pour créer des sites sur mesure dans une approche d'écoconception dès l'origine.
Les réflexions pour pousser l'écoconception du logiciel ne sont pas liées à un pôle spécifique comme la branche développement durable ou RSE, mais c'est l'ADN même du logiciel. Il a été pensé dans une approche d'écoconception dès le début. Le CMS Translucide ne dépend pas d'une grosse entreprise au intérêt financier démesuré lié à son hégémonie dans le domaine de la création de site (coucou Wordpress).
Aussi, nous n'utilisons pas de langage de programmation lié à un Gamam, comme par exemple WordPress qui utilise React (Meta) ou le CMS Hugo qui utilise Go (Google).
Pour nos environnements de développement (pour coder nos sites), nous utilisons la version libre de Visual Studio Code qui s'appelle VS Codium, donc sans les services de Microsoft. Et sans assistant IA comme Copilot.
Et bien sûr, sans suite Office pour nos éditions de documents texte, tableur ou présentation. Pour nos devis, factures, propositions commerciales. Nous utilisons chacun ce qui nous est le plus pratique. Entre OpenOffice, LibreOffice ou encore OnlyOffice.
Parfois on sort des Gafam, mais c'est pour des petites entreprises privées qui œuvrent à leur manière à soutenir des alternatives.
Le choix n'est pas toujours possible ou souhaitable de passer à du libre soutenu par des structures associatives. Aussi l'associatif a ses limites, on ne peut pas avoir les mêmes attentes que d'un service tenu par une entreprise. On ne peut pas demander à des bénévoles un travail qui doit être professionnalisé et rémunéré, surtout sur des sujets aussi techniques que les outils numériques. Il faut que les équipes salariées des associations qui proposent des services soient honorées financièrement.
Parfois choisir le logiciel libre, c'est renoncer à des fonctionnalités. Revenir à des systèmes plus basiques. En même temps, ça fait du bien, c'est moins la course à la frénésie de la nouveauté. Pas de service nouveau toutes les semaines, de bouton brillant pour accéder à une IA... Au fait, vous savez que nous n'utilisons pas d'IA dans nos processus de travail ?
Par exemple, pour mon téléphone, je me suis dégoogleisé. Passé d'Android avec Google à /e/OS, une version d'Android sans les services Google. Mon vieux Fairephone 3 a retrouvé une seconde jeunesse.
Aussi, j'ai changé de système d'exploitation pour mon ordinateur il y a quelques années pour passer de Windows à Linux (Distribution Mint). Mon ordinateur, qui a maintenant 10 ans, ne pouvait pas supporter la mise à jour sous Windows 10.
Pour mes messageries privées, j'ai quitté WhatsApp, Messager ou encore Instagram, pour n'utiliser que les SMS ou Signal.
En ce qui concerne les mails, c'est plus compliqué. Après 20 ans d'utilisation d'une adresse mail liée à un Gafam, j'ai créé une adresse chez Lilo (devenu Mailo) et je migre progressivement.
Enfin, pour les navigateurs j'utilise depuis très longtemps Firefox pour mon usage personnel, et essaie de migrer sur Chromium pour mes développements, une version aussi sans Google du navigateur Chrome.
Reste un usage de LinkedIn pour le travail. Le seul réseau social que je m'autorise pour continuer à avoir de l'écho en ligne.
J'essaie de ne plus avoir de service en lien avec un Gafam, et ça n'est pas évident. Il faut bien regarder quand l'on cherche un logiciel pour nous rendre un service, qu'il soit Open Source, voire encore mieux un logiciel libre. Et si possible pas relier à une grosse entreprise, ce qui est souvent synonyme de perte de contrôle sur le long terme, ou du moins contrôlé par des intérêts financiers plus forts que les intérêts des individus.
Comme par exemple utiliser un gestionnaire de mot de passe en logiciel libre (comme KeePass) et non dépendant d'entreprise qui stockerait vos données sur un gros système centralisé, sans pouvoir savoir qui y a accès. Ce qui augmente les risques et qui rend vos données prisonnières d'un service parfois gratuit à l'origine, mais qui peut devenir payant à tout instant.
Si cet article vous a inspiré, nous pouvons peut-être vous accompagner dans votre besoin de sortir des Gafam, ou encore mieux vous accompagner à dénumériser. N'hésitez pas à nous contacter pour ces sujets.
